Il m'arrive des fois où, n'ayant aucune
inspiration, j'aime essayer de transmettre un sentiment, une
impression, m'entraîner à faire passer quelque chose par l'écrit. En
l'occurence, là c'est un bataille épique ...
La terre, notre mère salvatrice ...
Le lapin traversa la plaine.
Sa petite frimousse reniflait aux vents les odeurs de la terre protectrice. Il
était bien à son aise, ici ,dans son petit paradis, envahi d’herbes hautes et
jaunes formant un champ uni et interminable, où seul les plus petits pouvaient
s’y faufiler. Mais cette tranquillité devait être de courte durée car, sans
raison aucune, un léger tremblement envahit soudain le sol. Doux au début,
comme une vibration à peine perceptible, il s’intensifiait et s’intensifiait
encore à mesure que les secondes avançaient. Plus de petit lapin calme et
curieux, juste un vent de panique bouleversant tout sur son passage. Comme les
battement assourdissants d’un cœur en colère, la Terre tremblait, et tremblait
encore. Submergés par la panique et la terreur, tous les êtres de la Terre,
petits ou grands, n’avaient plus qu’une seule idée en tête : Fuir !
Fuir loin de ce vacarme, de cette furie qui allait bientôt s’abattre comme la
nuit la plus noire, et engloutir quiconque se trouvait sur son passage. Un
néant qui ne serait interrompu par aucune lumière si puissante fut-elle. Aucune
échappatoire ne serait permise car aucune force connue ne pourrait lutter face
aux immenses pouvoirs à venir. Puis elles apparurent enfin, une ligne mince
tout d’abord que l’on pût discerner sur les sommets des collines entourant la
plaine. Une ligne noire comme de l’encre, une ligne de chaque côté de la
plaine. Un face à face que nulle âme douée de conscience n’oserait interrompre.
Le tremblement s’arrêta alors en même temps que la ligne s’immobilisa. Du haut
du ciel, un corbeau perça les nuages de son cri menaçant, horrifié par la
vision infernale qui s’imposait à lui. Une marée noire qui, à perte de vue,
recouvrait l’horizon de ses ténèbres destructrices, et seul la petite plaine
isolée au milieu de cette mer de furie résistait à l’envahissement de la haine. Une haine si profonde et puissante
que les Dieux eux-mêmes n’auraient pu y mettre fin. Une haine qui, depuis des
millénaires, durait, s’intensifiant au cours des siècles, jusqu’à en devenir
irraisonnable et incompréhensible. Elle était dans les gènes de milliers de
génération, elle se transmettait de père en fils, et de mère en fille. Personne
n’était épargné par ce poison qui contaminait et noircissait à jamais la plus
pure des âmes. Elle allait éclater au grand jour aujourd’hui, jour décisif dans
l’existence même du monde. Les forces étaient telles qu’elles en devenaient
incalculables. La vie s’arrêta alors de battre, et du fin fond des âges rugit
une rage inhumaine, immense, ravageant tout. Un cri de guerre qui jaillissait
de part et d’autres de milliards de bouches humaines, animales,…de milliards de
créatures qui rugissaient, beuglaient, criaient, hurlaient leur douleur. Sans
convention aucune, les premières lignes de chaque armée dévalèrent sur des
centaines de kilomètres de largeur les pentes des collines, fonçant sur l’autre
avec la rage du désespoir. Le choc ébranla la Terre jusqu’aux tréfonds de ses
origines et toutes les créatures du monde ressentirent la puissance de
l’impact. Telle une vague dévastatrice, elle parcourut le globe, déracinant,
arrachant et détruisant tout. Le champ de bataille était un chaos inimaginable
où se mêlaient crocs acérés, lames aiguisées et magie absolue. De la furie
jaillissait autant de jet de sang que d’éclairs zébrant les cieux ténébreux de
leur magie. Jamais personne n’avait connu sur ce monde-ci ou sur un autre un
tel déchaînement de fureur. Les sabots lourds rencontraient les armures
cabossées, les crocs vengeurs mordaient les cuirs déchiquetés, les haches
rencontraient les crânes et les épées s’enfonçaient jusqu’aux cœurs meurtris
Alors
la Terre ne pût plus supporter. Alors elle décida sans remords aucun
d'en finir. Car elle s'en savait capable. Il lui devint impossible de
supporter encore et encore ce poids. Elle fît ce à quoi personne ne
s'attendait, et du plus profond de sa volonté, décida de s'ouvrir en un
gigantesque gouffre. Séparant tous ces membres sur des milliers de
kilomètres, elle s'ouvrit, se tordit, et engloutit dans ces entrailles
les plus profondes toutes les âmes noires empliquées dans la bataille.
Ainsi s'arrêta la Grande Guerre. Remercions la Terre mes frères, pour
la générosité dont elle fit preuve ce jour là, tous ensemble ... elle
sans qui nous ne serions pas là...remercions-là, et prions ... prions
ensemble mes frères...pour elle...notre mère salvatrice ...